Dispense :
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Le 15 Mai 1763, «Supplient très humblement Joseph DEMIUS, écuyer, Sr
d’Entremont et Anne LANDRY, sa cousine germaine, tous deux originaires de
l’Acadie et demeurant de présent à Cherbourg. Et ont l’honneur de représenter
à Votre Grandeur que dans la dite Acadie, on ne fait aucune difficulté
d’accorder dispense à des cousins germains qui se recherchent pour le
mariage ; qu’en conformité et à l’invitation de son frère, de son cousin
germain, et de plusieurs autres , qui dans ce cas l’ont obtenu, il aurait,
après les avoir connu par luy même les bonnes vies et mœurs de la Delle sa
cousine germaine , fait l’honnête recherche d’icelle ainsi que la demande, qui
dans son païs auparavant l’arrivée des Anglois, lui fut donnée de l’agrément
de toute sa famille. Mais les Ennemis de l’Etat étant survenus peu de tems
après, firent échouer leur entreprise; et ne pensèrent pas alors, qu’à se
défendre courageusement contre les pressantes sollicitations de ces
insulaires, qui faisaient leur possible pour gagner les suppliants et tous
leurs parents, au Service de leur Roy et leur faire abandonner leur Ste
Religion et la fidélité qu’ils doivent à Sa Majesté très chrétienne leur
Légitime Souverain, aux promesses de les établir dans la possession de tous
leurs biens, et leur accorder des Employs et Offices digne de leur rang et de
leur naissance ! Toutes ces belles promesses ne furent point capables
d’esmouvoir ny d’ébranler la constances des suppliants, pour la conservation
de leur Ste Religion, pour le maintien de laquelle ils auroient versé, et
verseroient encore aujourd’huy jusqu’à la dernière goutte de leur sang ! Les
ennemis outrés de leur refus, les firent apporter comme les autres en France,
après les avoir pillés généralement de tout, Meubles, Linge, hardes, Argent et
Papiers jusqu’à leurs Tiltres de Noblesse dont ils se sont emparés pour se
venger du refus des suppliants, lesquels furent débarqués audit Cherbourg, où
depuis ce tems ces deux amans se sont toujours maintenus dans une étroite
amitié l’un pour l’autre…… »
(Bien qu’un peu long, ce texte me paraît important. Il est un peu arrogant
mais on ne peut s’en étonner car il s’agit d’un aristocrate, mais il fait pour
une fois mention du prétexte que trouvèrent les Anglais pour justifier la
déportation de tout un peuple dans des conditions abominables, c’est à dire le
refus des Acadiens de renoncer à la Religion Catholique). L’enquête a lieu le
19 Juin.
Messire Joseph DEMIUS écuyer, Sr d’Entremont, fils de feu Messire Charles
DEMIUS, écuyer, Sr d’Entremont et de delle Marguerite LANDRY, originaire de
Soubomcoup (Pobomcoup, maintenant Pubnico à l’extrémité sud-ouest de la
Nouvelle Ecosse actuelle) Acadie , vivant de la paye du Roy, débarqué il y a
trois ans et demi, âgé de 39 ans. Curieusement, pour un écuyer, il ne sait pas
signer.
Demoiselle Anne LANDRY comparait. Elle est fille de défunt François LANDRY et
de défunte Marie BéLIVEAU et a vingt six ans. elle confirme que le suppliant
la recherche depuis cinq ans et qu’elle luy a donné sa parole il y a trois ans
et demi. Elle rappelle qu’en Acadie que les dispenses pour consanguinité du
deuxième degré sont très couramment accordées et que s’ils étaient restés en
Acadie en renonçant à leur religion, il n’y aurait eu aucun problème. Elle
marque.
Pierre LANDRY, père commun, d’où :
Marguerite LANDRY François LANDRY
x Charles DEMIUS, écuyer, Sr d’Entremont, d’où : x Marie BéLIVEAU,d’où :
Joseph DEMIUS, écuyer, Sr d’Entremont, suppliant Anne LANDRY, suppliante.
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Temoins : |
Premier témoin parent : Messire Pierre DEMIUS, écuyer, Sr d’Entremont, vivant
de la paye du Roy, 31 ans, frère du suppliant. Il marque.
Second témoin parent : Jean LANDRY navigateur, 30 ans. Il est le frère de la
suppliante et cousin germain du suppliant. Il marque.
Premier témoin non parent : Joseph BELLEFONTAINE, vivant de la paye du Roy, 68
ans. Il signe.
Second parent non parent : Michel BELLEFONTAINE, vivant de la paye du Roy, 29
ans. Il signe.
Tous témoignent dans le même sens. Le frère de Joseph DEMIUS a obtenu la
dispense en Acadie et a donc pu épouser sa cousine germaine. De plus, «s’ils
ont abandonné tous les biens qu’ils possédaient dans l’Acadie et refusé de se
soumettre à la domination des Anglois, ce n’est que dans la crainte qu’on leur
fit perdre le libre exercice de leur religion et qu’on les forçât
d’apostaser ».
L’autorisation de procéder au mariage est accordée à M Jean LE TEROÜILLY,
desservant de l’église Notre Dame de Cherbourg.
Cette famille MIUS d’ENTREMONT était établie en Acadie depuis le 17ème siècle.
L’un d’entre eux, Philippe MIUS d’ENTREMONT avait épousé Le 4 Décembre 1707
Thérèse de SAINT CASTIN, fille du baron Jean Vincent de SAINT CASTIN, figure
mythique de la conquête des territoires de la Nouvelle France et de sa femme
Pidianske (Marie Mathilde), princesse indienne fille de Madokawando, chef
suprême des Abenaquis, tribu alliée des colons français, dans leur lutte
contre les anglais.
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