Dispense :
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Le 24 Avril 1771, « Joseph LANDRY, natif de l’Acadie, païs de la nouvelle
France, fils de feu François lequel était frère de feu René et Magdeleine
LANDRY, aussi de l’Acadie, fille dudit feu René frère de François » étant
cousins germains doivent, malgré leur inclinaison mutuelle, solliciter une
dispense du deux au deuxième degré de consanguinité. Les suppliants font
remarquer que « quel que proximité qu’il y ait entre eux et tous ceux de leur
païs ils n’ont dans aucune circonstance été obligés, Monseigneur, de
s’adresser au Pape, parce que dans l’Acadie leur Evêque dispensait d’un pareil
empêchement ce que n’étant pas Européens, ni régnicoles (qui habitent le pays
où ils sont nés, auquel ils appartiennent, par opposition aux étrangers-
définition LAROUSSE)(habitant naturel d’un royaume, étranger naturalisé-
Dictionnaire Français-BOISTE-1832), les Banquiers de France n’ont point
pouvoir d’exploiter pour eux » .
La même dispense a été accordée « par votre Illustrissime prédécesseur » à
Joseph DEMIUS d’ENTREMONT et à Anne LANDRY, pareillement cousins. « Cette
dispense leur a été accordée gratuitement, et comment des malheureux expatriés
et transportés par les Anglais en France, après une espoliation entière,
expropriés d’immenses possessions, réduits aujourd’huy dans le plus triste
état sans autres ressources que leur industrie, auraient ils été en état de
l’obtenir s’il avoit fallu la payer ».
Si vous ne l’accordiez pas aux suppliants, « la suppliante déjà âgée de près
de trente ans, demeurée sans père ni mère ni personne qui prenne intérêt à
elle resterait sans établissement, exposée à toutes les horreurs de
l’indigence »
L’enquête a lieu le 29 Avril.
Joseph LANDRY comparait. Il est fils de feu François et de deffunte Marie
BELIVEAU, originaire de Port Royal, navigateur, transporté par les Anglais il
y a douze ans, 28 ans. Il fréquente honnêtement la suppliante depuis huit ans
en vue du mariage. Il signe.
Magdeleine LANDRY, fille de défunt René LANDRY et de deffunte Marie Josephe
d’ENTREMONT, arrivée à Cherbourg il y a environ onze ans sur un vaisseau
anglais, est occupée journellement chez elle au travail du mesnage. Elle
redonne les mêmes raisons, son âge, le fait qu’elle n’a jamais été mariée ni
recherchée, leur attachement mutuel de plus en plus fort, l’égalité de leur
caractère et, pour obtenir la gratuité, le fait qu’ils n’ont que la paye du
Roy pour vivre et que « le Banquiers de France ne peuvent exploiter pour eux,
car les Acadiens ne sont point régnicoles »
Pierre LANDRY, père commun, d’où :
François LANDRY René LANDRY
x Marie BELIVEAU, d’où : x Marie Joseph D’ENTREMONT,
d’où :
Joseph LANDRY, suppliant Magdeleine LANDRY, suppliante
(Complète l’arbre de Joseph DEMIUS d’ENTREMONT et d’Anne LANDRY, x en 1764).
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Temoins : |
Premier témoin parent : Pierre LANDRY, navigateur, 31 ans, frère de Joseph. Il
marque.
Second témoin parent : Joseph LANDRY, navigateur, 48 ans, frère de Magdeleine.
Il marque.
Premier témoin non parent : Pierre NONAINVILLE, drapier, bourgeois de
Cherbourg, 41 ans. Il signe.
Second témoin non parent : Loüis NONAINVILLE, aussy drapier, et aussy
bourgeois de Cherbourg, 23 ans. Il signe.
Tous les témoins répètent inlassablement les mêmes arguments.
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