Dispense :
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Le 14 Janvier 1761, « Eustache PARRE, fils de feu Pierre et défunte Jeanne
DUGAST et Anne MéLANSON, fille de feu et de défunte Madeleine FITOT
originaires de l’Acadie et domiciliés à Cherbourg depuis le quatorze janvier
de l ‘année dernière se sont fréquentés et recherchés pour le mariage » bien
qu’ils soient parents du trois au troisième degré. Les raisons évoquées sont
toujours les mêmes : la perte de la pension si le suppliant épouse une fille
non acadienne, son refus probable de le suivre « en Acadie ou aux autres
Isles » dès qu’il en aura la possibilité. Dans le cas d’Eustache PARRE, qui a
trente sept ans « complets » et d’Anne Mélanson, qui en a quarante cinq, il
évoque la difficulté d’épouser une fille jeune « qui n’acceptera pas le party
à cause de son âge disproportionné » et la fille « est exposée à manquer
d’établissement » à cause de son âge.
Enquête du 20 Janvier.
Eustache PARRE, poissonnier pêcheur, dit que son père est mort à l’Acadie il y
a environ 34 ans, sa mère est aussi morte à l’Acadie il y a 35 ans. Il est
veuf d’Anastasie BELLEFONTAINE « décédée elle aussy à l’Acadie sur les bords
de la rivière St Jean où elle fut tuée par les Anglois le deux de mars de
l’année mil sept cent cinquante neuf. Il est parti de Chibouctoug dans la
Nouvelle Angleterre dans le mois de Novembre mil sept cent cinquante neuf pour
passer en France. Il est chargé de deux enfants, il doit donc se remarier.
Il est sûr qu’« aucune fille jeune qui ne luy soie pas parente ne voudroit
l’épouser eut égard à son âge, aussy bien qu’à la charge de ses enfants; et
que d’ailleurs il appréhenderait qu’une jeune fille avec peu de tête et peu
d’inclinaison à élever ses enfants ne troublât la paix de sa maison et qu’il
aimeroit mieux ne point se marier que de s’exposer à ce danger, lequel il ne
craint point du côté de la ditte MéLANSON qu’il connoit sage douce et prudente
et d’un âge mûre ». Il marque.
Anne Mélanson comparait. Elle dit que son père et sa mère son décédés à
Cherbourg en Janvier et Février mil sept cent soixante. Elle a appris après
avoir commencé à fréquenter Eustache qu’il étaient parents. Elle n’a jamais
été mariée. Elle est déterminée à retourner au Canada après la paix et est
très sûre que le suppliant est d’un caractère à vivre en paix avec elle. Elle
marque.
Abraham DUGAST, souche commune, d’où :
Claude DUGAST, d’où : Marie DUGAST
x Jacques MéLANSON, d,où :
Jeanne DUGAST Jean MéLANSON, d’où :
x Pierre PARRE, d’où :
Eustache PARRE, suppliant. Anne MéLANSON, suppliante.
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Temoins : |
Premier témoin parent : Joseph BELLEFONTAINE, originaire de l’Acadie où il
faisait les fonctions de Major de Milice, 64 ans. Il a été lui aussi
transporté de Chibouctoug à Cherbourg sue le même transport. Il est maintenant
sans profession. Il est le beau-père du suppliant, étant le père de sa
première femme, Anastasie. Il pense que ce mariage convient très bien aux deux
parties. En effet, «il est dans le dessein (du suppliant) de retourner
s’établir à l’Acadie après la paix faitte, comme luy sieur déposant et les
autres acadiens se le proposent, une épouse prise dans ce pays ne serait peut-
être pas du goût, comme l’expérience le prouve, de suivre son mary, ny en état
de supporter la difficulté du trajet de la mer, ou même de s’accoutumer à
l’air d’un pays étranger ». Il semble que les deux enfants soient des garçons,
car il parle de ses petits fils. Il signe assez maladroitement.
Second témoin parent : Jean MéLANSON, 33 ans, poissonnier pêcheur. Il a fait
partie du même transport que les autres. Il est le frère d’Anne. Il emploie
les mêmes arguments, y compris celui sur la perte de la pension de Roy « dont
les acadiens en général son gratifiés, comme l’expérience le prouve, même à
Cherbourg ». La suppliante, sa sœur, à laquelle il est lié d’une amitié
étroite, et il la croit « d’un caractère d’esprit et de cœur à élever les
enfants du premier lit avec affection » . Il marque.
Premier témoin non parent : Joseph LAPIERRE, 35 ans, poissonnier pêcheur. Il
n’est pas au courant de la mort d’Anasthasie BELLEFONTAINE car il était déjà
passé en France et arrivé à Cherbourg, mais qu’on le lui a dit de plusieurs
côtés, en particulier de la bouche de feu Simon LE ROY, « qui avait vu le
massacre, étant lui-même blessé et s’étant échappé ». Dans le cas de mariages
avec des filles du pays, elles refusent d’ordinaire de suivre leurs maris aux
Isles et « qu’on a même été obligé d’en forcer plusieurs de sa connaissance,
par le secours du militaire, pour les faire embarquer ». Il marque.
Second témoin non parent : Joseph DU BOIS, 35 ans, transféré en France du fort
de Beauséjour par Allifax dans un vaisseau anglais arrivé à la même date,
poissonnier pêcheur. Il témoigne qu’Eustache PARRE est arrivé en France sur le
même transport en provenance d’Allifax, ainsi qu’Anne MéLANSON aussy
transférée de Quatre Sables, dont elle est originaire, par Allifax, en France.
Il marque.
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