Dispense :
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Cette dispense est intéressante, elle évoque un cas exceptionnel d'empêchement
d'affinité spirituelle entre un père et son enfant.
Le père est Julien LE NOIR, ayant épousé Michelle LE NOIR le 04/11/1755 (avec
dispense du 4ème degré de consanguinité). Le 27 janvier 1764 naît Nicolas
Joseph LE NOIR, leur fils.
La transcription de la requête et la lettre de recommandation du curé de
Créances jointe expliquent ce qui s'est passé.
1 - Requête du suppliant :
A Monseigneur
Monsieur l'illustrissime et Reverendissime
Evêque de Coutances, ou Messieurs
ses Vicaires Generaux
Supplie humblement Julien LE NOIR
de la paroisse de Créances de votre Diocèse
Et Vous remontrent que le vingt sept du mois
dernier, faute d'attention, il auroit baptisé
son propre enfant qui paroissoit en danger
de mort, et cela en presence et a la sollicitation
de deux femmes qui auroient pû le faire et qui
ne s'appercurent de leur faute qu'après la chose
faite. Et comme ledit supliant est pauvre
et hors d'etat de faire les frais necessaires pour
obtenir en Cour de Rome la Dispense
necessaire, il a recours a Vous Monseigneur,
pour etre dispensé de l'empêchement d'affinité
spirituelle qu'il a contracté en Baptisant
son enfant, ayant l'honneur de vous exposer
qu'il etoit dans la bonne foy, et que ce n'est que
l'épouvante dont ils furent tous saisis qui
l'empecha de reflechir
a ces causes, Monseigneur, il vous plaise accorder
dispense au supliant du susdit empechement
d'affinité spirituelle, et il prira Dieu pour la santé et conservation de
votre grandeur
Presenté a Coutances le 6 fevrier 1764
signé Julien LE NOIR
2 - Lettre du curé de Créances
Ne trouvés pas mauvais je vous supplie Monsieur, si je
m'adresse à vous pour vous prier de rendre service au porteur
de la presente qui vendredy dernier faute d'attention baptisa son
propre enfant paroissant en danger de mort et cela en presence
et à la sollicitation de deux femmes qui auroient pu le
faire et qui ne s'aperçurent de leur faute qu'après la chose
faite. Je vous prie donc de lui faire obtenir son relevement
auprès de sa grandeur il vous en aura une entiere obligation.
Il merite d'autant plus cette grace qu'il n'y a la aucune malice
dans son fait que ce ne fut que l'épouvante dont ils furent
tous saisis qui les empêcha de refléchir. Souffres je vous prie
que je joigne à ses instantes prières ma recommandation à laquelle
je vous supplie d'avoir quelque egard. J'ai lieu d'esperer que vous
ne refuseres pas cette grace à celui qui a toujours eté, qui est et sera
toujours avec le respect le plus profond
Monsieur Votre très humble et très obeissant
serviteur Le Cordier curé de Créances
le 29 janvier 1764
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